Ivry, le 21 avril 2006
Monsieur Jacques Chirac
Président de la République
Palais de l’Elysée
55, rue du Faubourg Saint Honoré
75008 Paris
Monsieur le Président de la République,
Enfin ! Enfin la voix de la France s’est exprimée par vous au Caire, de manière juste et claire, au sujet de la suspension d’une partie de l’aide européenne au peuple palestinien.
Ainsi que nous n’avons cessé de le dire, cette aide suspendue frappe le peuple palestinien, et personne d’autre, qui ne peut trouver que des raisons de se radicaliser encore plus, et avec lui une partie accrue de la population, face à des décisions européennes, s’ajoutant aux décisions américaines et israéliennes, aussi injustes et nuisibles politiquement qu’ humainement.
Cette décision affaiblit, de surcroît, notre influence dans cette région où l’Union européenne a un rôle majeur à jouer et qu’elle peut et devrait jouer pour dénouer les fils et aboutir à la paix.
Vous proposez d’aborder avec le Président Mahmoud Abbas la question de la partie de l’aide qui pourrait transiter vers lui, en trouvant un mécanisme approprié. C’est la proposition que nous avions formulée avant la décision du Conseil européen. Nous ne pouvons donc que nous réjouir que la voie de la raison l’emporte.
La situation en Cisjordanie et à Gaza est catastrophique. Les fonctionnaires ne sont plus payés tandis que dans la bande de Gaza la catastrophe sociale, dénoncée par les organes compétents de l’ONU, est amplifiée par une effroyable crise sanitaire avec la grippe aviaire qui menace 780.000 poulets. Rappelons que la bande de Gaza compte 1,4 millions d’habitants repartis sur seulement 362 kilomètres carrés.
Les questions maintenant posées devant nous sont les suivantes : comment la France entend-elle faire approuver par ses partenaires européens le dispositif mis au point avec le Président Mahmoud Abbas, ce qui est possible - mais non acquis - du fait que la décision prise est révisable ? Et comment l’Union entend-elle agir auprès des autorités israéliennes qui ont bloqué de l’argent qui ne leur appartient pas (droits de douane et TVA perçus pour le compte de l’Autorité) mais qui appartient en propre au peuple palestinien ? Ce sont-là pas moins de 50 millions de dollars qui sont volés mensuellement aux palestiniens.
Dans l’attente,
Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en mes sentiments parfaitement distingués.
Jean- Claude Lefort
Député du Val-de-Marne
Membre de la commission des
Affaires étrangères
Communiqué
Le 7 avril dernier, dans un courrier au Président de la Commission des Affaires étrangères de notre Assemblée nationale, Monsieur Edouard Balladur, je demandais l’organisation eu urgence d’un débat en séance publique sur la situation au Proche-Orient qui connaît une situation nouvelle des plus critiques. Ce débat s’avérant d’autant plus nécessaire à mes yeux que les décisions unilatérales prises récemment par l’Union européenne ne pouvaient qu’alimenter les plus grandes craintes d’autant qu’elles se prenaient sans le moindre contrôle et débat parlementaires.
Dans un courrier en date du 18 avril à Monsieur Jean-Louis Debré, Président de l’Assemblée nationale, le Président Balladur souscrivait à cette demande en lui écrivant : « Quel est aujourd’hui l’avenir de la Feuille de route ? Peut-on envisager des solutions alternatives ? Quelles initiatives pouvons-nous prendre ? Je souhaiterais, sur ces questions, que notre Assemblée puisse entendre le gouvernement au cours d’un débat en séance publique consacré à la situation au Proche-Orient ainsi qu’au rôle que l’Union européenne et la France peuvent jouer pour contribuer au processus de paix. Je vous saurais gré de bien vouloir évoquer cette demande lors de la prochaine Conférence des Présidents ».
Je me félicite de cette démarche.
La prochaine Conférence des Présidents de notre Assemblée aura lieu après les actuelles « vacances parlementaires ».
Je ne peux imaginer que cette demande reçoive une réponse négative. L’Assemblée et le gouvernement doivent enfin s’exprimer au grand jour sur cette question qui a pris un tour nouveau des plus dangereux et prendre toutes leurs responsabilités.
Jean-Claude Lefort
Député du Val-de-Marne
Membre de la Commission des
Affaires étrangères
Ivry, le 23 avril 2006